06 février 2010
La concubine vertueuse et l'empereur de Chine
«Aube printanière dans le palais des Han » (Xiao xueshan xing) -
Qiu Ying seconde moitié du XVe siècle -
détail d’un rouleau horizontal, encre et couleurs sur soie ;
30,6 x 574,1 cm -
conservé au National Palace museum à Taipei.
Qiu Ying est un merveilleux peintre de la seconde moitié du XVe siècle sous la dynastie chinoise des Ming (1368-1644).
Le voyage dans ce rouleau horizontal est une expérience esthétique exquise dont je ne me lasse pas.
L'aventure représentée ici fait allusion à la méconnaissance que l’empereur de Chine avait de son harem, au caractère mal fondé du choix de ses compagnes du jour ou surtout, inversement, des femmes qu’il cédait en alliance aux ennemis.
L’histoire met aussi en scène un portraitiste corrompu, Mao Yanshou. Pour faciliter le choix de la femme avec laquelle il allait partager sa couche, l’empereur consultait les portraits qu’en avait faits ce peintre.
Étant donné leur grand nombre, la cession de l’une ou l’autre de ses concubines à un chef ennemi à des fins diplomatiques n’aurait théoriquement pas dû affecter l’empereur.
Or, le peintre avait embelli toutes celles qui l’avaient soudoyé et enlaidi la vertueuse Wang Zhaojun, qui avait refusé de le payer. Ce mensonge pictural eut une conséquence tragique : aux moment des adieux, l’empereur, qui la voyait pour la première fois, découvrit la beauté et la vertu de WangZhaojun et tomba amoureux d’elle. Mais il était trop tard : il l’avait déjà cédée au Khan des Xiongnu....
05 février 2010
04 février 2010
la vie en vert
Cette formidable création de la jeune artiste japonaise Mitsuru Katsumoto exprime à la perfection ce désir de printemps qui m'emplit le coeur aujourd'hui.
Herbes
"(...) La bardane d'eau. Le persil des rivages. La mousse. Le lierre à pois. L'herbe verte qui pousse aux endroits que la neige laisse découverts.
L'oseille des bois est plus jolie que n'importe quoi, en dessin sur la soie damassée.
(...) L'"herbe sans tracas". Il est amusant de se dire qu'elle pourrait ne se soucier de rien. Peut être aussi un malheur qui l'accablait s'en est-il allé ? L'une ou l'autre des deux explications est amusante.
(...) l'armoise est très jolie. La massette en fleur est aussi très jolie, et les feuilles du carex qu'on voit sur le rivage sont encore plus belles.
La prêle d'hiver. Il est délicieux d'imaginer quel bruit le vent doit faire quand il souffle dans sa chevelure.
Les feuilles flottantes du lotus sont très élégantes. À la surface d'un étang calme et limpide, les grandes et les petites s'étalent et se déplacent à l'aventure. C'est charmant. Si l'on détache une de ces feuilles et si on la regarde après l'avoir laissé quelques temps pressée sous quelque objet, on trouve que c'est la chose la plus gracieuse du monde.(...)"
Sei Shônagon, Notes de Chevet.
Sei Shônagon, dame d'honneur de la princesse Sadako à la cour de Heian (Kyoto aujoud'hui) a composé ses "Notes de chevet" dans les premières années du XIe siècle.
03 février 2010
Rêve du Nord
Je déambule, ils marchent, nous passons tous et chacun gare du nord ce matin.
Le coeur léger, envie de rien, juste profiter de ce moment qui n'est dédié à aucune tâche ; un peu de temps, envie de rester à la surface du mouvement, d'attendre un peu avant de plonger à nouveau dans la succession des gestes qui, invariablement, ...
Je vois d'abord un tout petit écran sur lequel une video raconte l' histoire de la création d'une sculpture cinétique, plus près j'entends aussi la voix, et alors je vois que l'oeuvre est là, qu'il suffit de lever les yeux, de regarder mieux.
C'est un drôle d'engin à trois étages, je tourne autour. Je pense à cette chanson que les enfants aimaient tant quand ils étaient petits : "il était un petit homme, pirouette cacahouette, (...) qui avait une drôle de maison..."
Au rez-de-chaussée je me vois sur un écran avec un petit décalage, je prends des poses, l'air de rien, comme devant une vitrine en marchant dans la rue, mais en prenant le temps.
Au premier étage une grosse boule blanche attend, dans le coin d'une pièce toute blanche aussi, d'être soulevée pour suivre son circuit.
Je le sais, je l'ai vu dans la vidéo... Le troisième étage est calme pour l'instant.
Soudain, un compte à rebourgs, tout s'illumine, un homme marche en noir et blanc sur l'écran où je ne suis plus, des lampes sur les côtés comme dans une loge de star, le volume prend vie, souffle et fume, parle.
La grosse boule blanche commence son voyage et puis le dernier étage déplie ses ailes et s'élève avec force lumières brumeuses, tel un dragon chinois, un esprit bénéfique.
Cela s'appelle "Le monde en marche", une commande de la SNCF à l'artiste plasticien Fabien Chalon.
C'est un rêve étrange et fantastique.
Dehors l'air est glacé et lumineux, je reprends ma place dans le tourbillon mais je sais que l'oeuvre sera encore là demain et c'est une bonne sensation.
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