À l'approche de Nöel, une insidieuse et indicible mélancolie m'étreint le coeur, les vitrines des grands magasins cristallisent ce malaise que je ne sais déchiffrer.
Photographie de Stéphanie Moissan
Mais la vue de "l'installation rouge" des vitrines du Champagne Nicolas Feuillate, rue du faubourg Saint Honoré, me ravit et fait entrer en résonnance des souvenirs heureux : rouge de Chine, rouge Hermès, rouge des collines d'Andalousie, rouge cuir de Russie ...
Photographie de Stéphanie Moissan
Cette couleur première à l'origine du nom d'Adam, le premier homme dans notre tradition -le nom latin d'Adam signifie fait de terre rouge- entretient un rapport privilégie avec l'éclat.
En Chine, le rouge 红 hóng est synonyme de bonheur et de joie.
Photographie de Niklaus Berger
Photographie de Niklaus Berger
09 décembre 2010
04 décembre 2010
结婚纪念日 *
28 novembre 2010
桥
"Une fable est un pont qui conduit à la vérité"
Antoine-Isaac Sylvestre de sacy, Extrait de Chrestomathie arabe
Photographies vues sur les cimaises de Paris Photo 2010.
Antoine-Isaac Sylvestre de sacy, Extrait de Chrestomathie arabe
Photographies vues sur les cimaises de Paris Photo 2010.
24 novembre 2010
山水
"L'esprit vient de la vie : il est dans les montagnes, les rivières, l'herbe et les arbres."
Gao Xingjian 高行健, La montagne de l'âme
Photographie vue sur les cimaises de Paris Photo 2010.
22 novembre 2010
Entre les murs
Photographie, du grec phôtos (lumière) et graphein (écrire, tracer) :
Art de fixer l'image des objets par utilisation de phénomènes physiques et chimiques.
Photographies vues sur les cimaises de Paris Photo 2010.
Art de fixer l'image des objets par utilisation de phénomènes physiques et chimiques.
Photographies vues sur les cimaises de Paris Photo 2010.
15 novembre 2010
Pampilles de nuit
La nuit s'attarde avec le café du matin, et le morceau de ciel au sortir de la bouche du métro, en fin d'après-midi, encore, déjà la nuit ?
Et puis la pluie aussi, incisive et froide, je m'abrite sous un porche : sur le trottoir d'en face, un grand lustre vénitien à pampilles de cristal flotte et rutile dans la vitrine d'un antiquaire et je me souviens de cette installation de Claude Lévêque aux Tuileries, pour la nuit blanche il y a quelques années.
J'aime ces mondes entre deux mondes qui jouent à être des lieux d'initiation.
13 novembre 2010
Novembre
24 octobre 2010
Nature morte
Nature morte du dimanche
En 1667, pour définir le moins noble des sujets selon la hiérarchie académique des genres, le critique français André Félibien parle de
« choses mortes et sans mouvement », désignant ainsi tant l'aspect des objets que leur état physique.
Cette notion d'absence de mouvement qui ne sous-entend pas nécessairement l'idée de mort, est essentielle : on la retrouve sous une forme un peu ambiguë chez Diderot (« nature inanimée »), mais il semble que ce soit aux Pays-Bas aux alentours de 1650 qu'elle ait vu le jour, avec une acception technique : les peintres hollandais, dans leur langage d'atelier, parlent alors de still-leven, ce qui, littéralement, signifie « nature immobile » ou encore « nature posant comme un modèle » (et non explicitement « nature morte »).
Jan Davidszoon de Heem, (1606-1684)
De là sont issus l'allemand Stilleben et l'anglais still-life, qui ajoutent à l'idée de pose celle de silence, comme sur les fantastiques photographies de la série Still life de Guido Mocafico
Pourquoi pareille dichotomie entre les pays nordiques et anglo-saxons, qui ont su conserver une terminologie quasi professionnelle, et le monde latin où s'est imposé peu à peu l'usage français, plus dramatique, et moins juste ?
Il y a à cela au moins deux raisons possibles : le rang subalterne imposé en France au milieu du XVIIe siècle à la peinture d'objets par la doctrine académique – qui n'a pas vraiment d'équivalent dans les pays nordiques– explique que se soit imposée aux hommes des Lumières, encore très familiers de ces conceptions, l'expression un peu péjorative de « nature morte », de préférence à une traduction de l'allemand comme « vie silencieuse ».
Mais ne peut-on alléguer aussi, pour transcender ce déterminisme un peu facile, une sorte de « contamination sémantique » inconsciente de tout le genre par un thème connu depuis l'Antiquité, celui de la Vanité, où domine précisément l'idée de la mort ?
Guido Mocafico, Nature morte à la vanité
19 octobre 2010
17 octobre 2010
Nigelles de Damas & baies de rose
Des fleurs des champs toutes simples glanés sur le marché du dimanche matin
se mettent en scène dans les vases de la maison.
Enorgueillies de porter un si joli nom elles occupent l'espace avec grâce et seront des instants de joie pour les jours à venir.
Choisir et disposer les vases : il y a un moment où cela devient harmonieux, un sentiment délicieux.
16 octobre 2010
Instantané de Chine 1
23 juillet 2010
Lèche-vitrine 4
15 juillet 2010
air & eau
"J'ai toujours profondément ancré dans mon esprit des visions de paysages marins.
J'en ai réalisé environ cinq cents. La comparaison est un facteur clé.
J'ai parcouru le monde à la recherche de ces paysages marins.
J'ai fait toutes les côtes européennes, françaises, anglaises, allemandes, même les bords de mer au Japon.
Le concept au départ, c'est juste de l'air et de l'eau.
Ce sont sans doute les mêmes visions que pouvaient avoir les hommes, il y a plusieurs millions d'années lorsque, debout au bord des falaises, ils regardaient vers le large.
C'est donc juste un échantillon pour donner l'idée d'une sorte de voyage dans le temps, un voyage pour observer le temps, pour revenir sur de très anciens souvenirs de notre culture."
Hiroshi Sugimoto.
14 juillet 2010
Nuage
Liu Xiao Fang, "Le Nuage" de la série "Je me souviens" 2009 © Liu Xiao Fang
Liu Xiao Fang est née en Chine en 1980 et étudié à l'Académie centrale des Beaux-Arts de Pékin.
Ses mises en scène lyriques, inspirées de souvenirs d’enfance, présentent la Chine
contemporaine sous l' angle insolite d'une petite fille portant une robe blanche et un foulard rouge qui vit des phénomènes extraordinaires.
La Chine urbaine est absente. Les scènes se déroulent dans un paysage où la mer et le ciel se fondent dans un bleu pur.
Entre passé et présent, peinture et photographie, l’oeuvre évoque un univers de contes où l’illusion fusionne avec le réel.
07 juillet 2010
Pourquoi la Chine ?
sur la plage du Goret, île-aux-moines, juillet 2010 :
Pavillon dans un paysage, Feuille d'album par Qiu Ying (1494-1495 - 1552), Calligraphie de Zhen Ming, conservé au Musée Guimet, Paris.
Personne mieux que Simon Leys (Pierre Ryckmans), n'a su mettre des mots si justes sur cette attirance -profonde chez moi- pour la Chine :
"Du point de vue occidental, la Chine est tout simplement l'autre pôle de l'expérience humaine. Toutes les autres grandes civilisations sont soit mortes (Égypte, Mésopotamie, Amérique précolombienne), ou trop exclusivement absorbées par les problèmes de survie dans des conditions extrêmes (cultures primitives), ou trop proches de nous (cultures islamiques, Inde) pour pouvoir offrir un contraste aussi total, une altérité aussi complète, une originalité aussi radicale et éclairante que la Chine. C'est seulement quand nous considérons la Chine que nous pouvons enfin prendre une plus exacte mesure de notre propre identité et que nous commençons à percevoir quelle part de notre héritage relève de l'humanité universelle, et quelle part ne fait que refléter de simples idiosyncrasies indo-européennes. La Chine est cet autre fondamental sans la rencontre duquel l'Occident ne saurait devenir vraiment conscient des contours et des limites de son Moi culturel."
in L'Humeur, l'Honneur, l'Horreur. Essais sur la culture et la politique chinoises, Paris, Robert Laffont, 1991, p. 60-61.
21 juin 2010
17 juin 2010
cahier d'artiste
Cahier
Assemblage de feuilles de papier reliées ensemble, muni d'une couverture.
Cahier de papier réglé, quadrillé. Cahier de cours, cahier d'exercices, cahier de brouillon. Un cahier d'écolier bien tenu, mal tenu.
Dans le cahier, les pages sont liées l'une à l'autre, les jours aussi.
Une page après l'autre, on avance sans se retourner.
Je découvre en ligne les cahiers de 1962 à 1979 de l'artiste polonais jan berdyszak, de nombreuses pages de compositions gestuelles à l'encre,
mais aussi des gouaches.
C'est très beau.
Né en 1934 à Zawory, l’artiste concentre son activité autour de la peinture, de la gravure, de la sculpture, des installations et de la scénographie théâtrale.
Théoricien de l’art et pédagogue, il préside, depuis de nombreuses années, le Conseil du Centre de la Sculpture Polonaise à Oronsk.
14 juin 2010
Réminiscences
Enfin je vais voir l'exposition Saint-Laurent, au petit palais.
C'est véritablement un voyage immobile au cours duquel se mêlent l'émerveillement et un soupçon de mélancolie.
Bien mieux que je ne saurais le faire, à peu près tout a été dit, écrit sur YSL, sur sa timidité désarmante, sa passion pour l'art et surtout son talent d'artiste toujours en mouvement, dans son temps.
Cependant, son oeuvre me touche d'une façon singulière, parce que depuis l'enfance, il ressurgit invariablement et ses créations m'enchantent, ouvrent des fenêtres, entrebâillent des portes closes.
Son "dialogue avec l'art" m'a captivée d'emblée.
L'année de ma naissance il crée la série de robes en hommage à Piet Mondrian :
"J'aime d'autres peintres, mais ceux que j'ai choisis étaient proches de mon travail, c'est pour cela que je les ai sollicités. Mondrian, bien sûr, qui fut le premier que j'osai approcher en 1965 et dont la rigueur ne pouvait que me séduire, (...)"
Aperçue dans un magazine quand j'étais enfant, cette robe a continué de me fasciner jusqu'à se muer en leitmlotiv au fil des années.
Par elle j'ai découvert ces artistes modernes qui avaient élaboré un nouveau langage formel en abandonnant complètement les représentations conventionnelles de l'art traditionnel.
L'envoûtement venait de ce que ce langage était à la portée de l'observateur, non pas par sa valeur figurative, mais par la variation à la fois multiple et subtile de quelques principes élémentaires de création artistique (horizontal/vertical, grand/petit, clair/obscur et les couleurs primaires).
Vue pour la première fois "en vrai" à la Fondation Pierre Bergé et Yves Saint Laurent à l'occasion de l'exposition "dialogue avec l'art", en 2004, je peux l'admirer à nouveau aujourd'hui au petit palais.
Parlant des peintres auxquels il a rendu hommage, Yves Saint-Laurent écrit encore :
"Je ne les ai pas copiés - qui pourrait s'aventurer à le faire ? - J'ai voulu tisser des liens entre la peinture et le vêtement, persuadé qu'un peintre est toujours de notre époque et peut accompagner la vie de chacun"
Je me souviens aussi du plaisir d'apprendre, l'année de mon bac, en 1983 qu'Yves Saint-Laurent était invité à New York au Metropolitan, Museum of Art, la première fois pour un couturier vivant. Par la suite, il a exposé dans de nombreux musées tels que Pékin, Paris, Moscou, Saint-Pétersbourg, Sydney ou Tokyo.
Si la "robe Mondrian" tient une place particulière dans mon coeur, tant d'autres créations d'YSL m'éblouissent tout autant !
Me reviennent encore en mémoire les frissons et le choc de "Belle de Jour" -où Catherine Deneuve est sublimée par les vêtements d'YSL-, regardé en cachette à la télévision, accroupie sur une marche de l'escalier de la maison de mon enfance, sans le son et la moitié de l'écran dissimulé par la porte entrebâillée.
Au plus près des étoffes et du montage des pans et des plis qui structure le vêtement, c'est aussi l'exceptionnelle maîtrise technique qui s'impose au regard :
Là un tombé parfait,
Ici, l'infinie délicatesse des paillettes brodées,
"Une femme. Elle est là. Et lui, il est ici. Il dessine.
Et la femme, la voilà habillée". (Marguerite Duras)
08 juin 2010
Nicolas & Vladimir
"La contemplation de la beauté, qu'il s'agisse d'un coucher de soleil aux tonalités particulières, d'un visage lumineux ou d'une oeuvre d'art, nous force à nous retourner inconsciemment sur notre propre passé, à nous confronter, à confronter notre âme à la beauté parfaite et inaccessible qui nous est dévoilée".
La Vénitienne, p. 195
Attirée d'emblée par l'expressionnisme abstrait si séduisant de Nicolas de Staël, puis véritablement arrimée dans les pages au papier velouté : une bonne odeur de papier neuf, un texte dense mais habillé d'une belle typographie.
Nicolas de Staël et Vladimir Nabokov sont tous deux nés à Saint Pétersbourg dans des familles aristocratiques. Mais la comparaison s'arrête là : une vie courte et tragique (1914-1955) pour le premier qui quitta la Russie à l'âge de deux ans, une longue vie pour le second qui, né en 1899, vécut jusqu'en 1977, eut une enfance heureuse entre la Russie, jusqu'à la révolution, puis Berlin, Paris et l'Angeterre où il suivit des études de lettres à Cambridge.
Malgré ces différences, il semble que "l'âme russe" surgisse aussi farouchement dans les masses de couleur du peintre que dans la prose de l'écrivain.
Le genre littéraire de la nouvelle interprêté par Nabokov est une succession de friandises, de fantaisies succulentes, la lecture de l'une créant aussitôt une irrépressible envie d'en déguster une de plus.
"La locomotive, jouant rapidement des coudes, courrait à vive allure à travers une forêt de pins, puis, soulagée, au milieu des champs. N'entrevoyant que vaguement encore toute l'absurdité et l'horreur de la situation et essayant peut être de se persuader que tout était pour le mieux, Vassili Ivanovitch trouva le moyen de jouir des charmes fugitifs qu'offraient la route. (...) Le soleil grimpa peu à peu vers un coin de la fenêtre et inonda soudain la banquette jaune. L'ombre affreusement écrasée du wagon fuyait comme une folle sur l'herbe du talus où les fleurs se fondaient en stries de couleurs. Un passage à niveau : un cycliste attendait, un pied posé à terre. Des arbres apparurent en groupes ou isolés, pivotant froidement d'un air narquois comme pour présenter la dernière mode. L'humidité bleue d'un ravin. Un souvenir d'amour déguisé en prairie. Nuages effilés -lévriers du ciel".
Lac, nuage, château, p. 601
04 juin 2010
Tengri, le bleu du ciel
Un histoire d'amour boulversante, les espaces sublimes et infinis de la steppe kirghize, une musique envoutante : tous les ingrédients réunis là pour créer un moment de pur bonheur, comme un écho à ma propre légende.
Tengri, le bleu du ciel un film de Marie-Jaoul de Poncheville, n’est pourtant pas seulement un film d’amour.
À l'irréristible sourire de l'actrice Albina Imachova, s'ajoute un regard aiguisé sur la condition féminine des peuples tribaux et une ode à la transgression des frontières.
La confluence des peuples kirghize, Kazakh, russes, sourd dans ces images, ainsi que l'importance de l'identité.
Je pense aussi à cet autre film, Urga de Nikita Mikalkov, sorti en 1991, qui m'avait transporté de la même façon sur les ailes du vent de l'Asie centrale.
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