14 mai 2009

Regards sur le passé

Vassily & Nina Kandinsky dans le jardin du Bauhaus, Dessau vers 1931


Une centaine de tableaux de grand format de Kandinsky entrent dans mes yeux comme la pluie dans le cou, une sensation de saisissement, un frisson qui émerveille, effraie un peu aussi.
"Les grands tableaux qui se forment peu à peu dans mon coeur", c'est par ces mots que Kandinsky révèle son amour de la peinture, dans une lettre de 1915 à sa compagne Gabriele Münter.

L'accrochage chronologique est très pédagogique et permet d'appréhender les articulations de la vie et de l'oeuvre de cet artiste, son évolution vers l'abstraction, de ses débuts en Russie où il naît en 1866, à la période du Bauhaus, en Allemagne dans les années 20 et jusqu'à l'époque parisienne des années 30 et 40.
Je suis d'ailleurs étonnée par cette dernière période que je découvre ici, et qui développe un vocabulaire formel renouvelé. La gamme chromatique est pleine de fraîcheur, des petits êtres biomorphiques s'animent comme sous la loupe d'un microscope.

 
Blue World, 1934, huile sur toile 110,6 x 120,2 cm
Solomon R, Guggenheim Museum New York

Kandinsky exprime admirablement ce cheminement vers l'abstraction dans ce récit :

"« […] Je vivais déjà à Munich, je fus ravi un jour par une vue tout à fait inattendue dans mon atelier. C’était l’heure du jour déclinant. Après avoir travaillé sur une étude, je venais de rentrer chez moi avec ma boîte de peinture […] lorsque j’aperçus un tableau d’une indescriptible beauté baignée de couleurs intérieures. Je commençais par me renfrogner, puis me dirigeai droit sur cette œuvre énigmatique dans laquelle je ne voyais rien d’autres que les formes et des couleurs dont le sens me restait incompréhensible. Je trouvais instantanément la clef de l’énigme : c’était un de mes tableaux posé de côté contre le mur. Le jour suivant, je voulus reproduire l’impression à la lumière du jour. Mais je n’y parvins qu’à demi : même de côté, je reconnaissais sans cesse les objets, et il y manquait le subtil glacis du crépuscule. Je savais à présent très exactement que l’objet était nuisible à mes tableaux. » (Regards sur le passé et autres textes : 1912 – 1922.)

C'est une exposition si dense, je vais y retourner...


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour,
je suis nouveau ici j'aime vous lire ;)
je voulais vous remercier pour votre super site internet !
Bonne continuation
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Nicolaseo, Rien de mieux que le referencement naturel.